On parle de plus en plus des salles de consommation à moindre risque, mais de quoi s’agit-il concrètement ? Cette structure permet d’améliorer la qualité de vie des personnes consommatrices de drogues en situation de précarité, tout en pacifiant l’espace public. Bruxelles s’est dotée de sa première salle de consommation à moindre risque en mai 2022. Trois ans après, les résultats sont positifs tant en matière de santé publique que de sécurité.
En région bruxelloise, la précarité et les inégalités croissantes sont couplées à une augmentation de la consommation de substances dans l’espace public, notamment du crack. Pour y faire face, les salles de consommation à moindre risque offrent une solution innovante.
Qu’est-ce qu’une salle de consommation à moindre risque ?
Il s’agit d’un espace de consommation sécurisé. Les usagers peuvent consommer sur place et dans des conditions sûres, les drogues qu’ils apportent avec eux. Une telle initiative favorise la réduction des risques de santé liés à la prise de drogue et réduit le nombre d’overdoses, la propagation de maladies transmissibles. Si l’usager le souhaite, cet espace permet de nouer un contact en vue d’un accompagnement voire d’une prise en charge et un traitement. À terme, ce système permet de réduire l’insécurité, notamment dans la rue ou dans les stations de transport en commun.
Comment est-ce que cela fonctionne ?
Lorsqu’une personne sonne à la porte du dispositif, elle est directement invitée à se présenter à l’accueil. Si la personne souhaite accéder à l’espace de consommation, elle devra systématiquement présenter son produit à l’accueil avant de se diriger vers la salle d’attente. Les substances psychoactives ne peuvent être utilisées que dans l’espace dédié à la consommation. Deux intervenants y sont présents en permanence pour créer du lien, échanger de l’information et encadrer le groupe. Chaque personne bénéficie, par passage, d’un temps d’occupation de l’espace de 30 minutes.
Après consommation, les personnes sont dirigées vers la salle de repos, un lieu calme et apaisant. La priorité de l’équipe est ici de veiller à l’état de conscience des personnes en assurant, au besoin, un monitoring spécifique.
A tout moment, et pour quiconque en fait la demande, un temps est réservé aux soins infirmiers, à une prise en charge socio-administrative ou à une entrée dans un parcours de soins, via une consultation dédiée. C’est la spécificité du modèle bruxellois qui propose un trajet de soins couplé à la salle de consommation à moindre risque. Elle permet une entrée dans une trajectoire de soins pour les personnes qui autrement n’y ont plus accès en raison de leurs situations de vie.
Des effets bénéfiques
En mai 2022, la première salle de consommation à moindre risque ouvrait dans la ville de Bruxelles : GATE. L’opérationnalisation et le fonctionnement de cette salle ont été délégués à l’asbl TRANSIT et à la Maison d’Accueil Socio-Sanitaire (M.A.S.S).
Un rapport fait le bilan de ses deux premières années d’activité et montre des résultats probants. Parmi ceux-ci la réduction de l’usage de drogue dans l’espace public : plus de 7 bénéficiaires sur 10 déclarent que si ce dispositif n’existait pas, ils n’auraient pas d’autre alternative que de consommer en rue. Sur la période analysée, plus de 16.000 actes de consommation dans l’espace public ont pu être évités grâce au dispositif ! Une conséquence qui a un impact important sur la réduction du sentiment d’insécurité.
A noter également que sur la période analysée, GATE a également accueilli 972 personnes différentes, la majorité provient directement des quartiers les plus proches (70%).
Bien que cette salle de consommation ne soit pas l’unique réponse à une problématique plus large, elle constitue un maillon indispensable de la chaîne de soutien aux personnes les plus vulnérables.
Découvrez le dispositif de GATE en vidéo et trouvez de plus amples informations sur le site de GATE et sur son rapport d’activité 2022-2023.